jeudi 19 juin 2014

Fais ce que tu veux Jess Greenberg

C'est une histoire triste et longue que je vais raconter.

Lisant un jour la page musique d'un magazine féminin, je tombai sur la recommandation d'aller écouter une reprise du fameux "Get Lucky" par un certain George Barnett. Voilà la vidéo:


Il se trouve que j'ai bien aimé la vidéo et que je l'ai twitté avec un commentaire très intelligent, du genre "Matez-moi ce piège à filles!" Ben oui, le brun ténébreux dégingandé multi-instrumentiste fait de l'effet. Et sa petite chemise négligemment ouverte, là, vous croyez que c'est juste parce qu'il aime bien le genre que ça lui fait? Ah oui peut-être (sûrement).
Malgré ma fine réflexion, à aucun moment je ne me suis dit que cette petite pute de chanteur se déhanchait uniquement pour m'exciter et planquer le fait qu'il ne savait pas chanter correctement, en vrai. Je me suis dit "J'aime bien la reprise et tiens, il est pas mal". Voi-là.

Dans les suggestions Youtube, il y avait une reprise par une nénette nommée Jess Greenberg, sur laquelle j'ai cliqué. Voilà la vidéo:


Si vous n'avez jamais vu de vidéo de Jess Greenberg, il est possible que vous vous fassiez la même réflexion que moi à ce moment-là: "Tiens, elle a sorti les seins". Suivie (pour moi) de "Putain j'adore ce qu'elle fait!" Suivie du visionnage compulsif de toutes ses vidéos.
Suivie malheureusement de la lecture des commentaires.

Des dizaines de milliers de commentaires, peut-être des centaines de milliers sous l'ensemble de ses vidéos (plus de 10 000 sous celle de la reprise de Daft Punk). Qui, dans leur énorme majorité, parlent de ses seins: pour dire qu'elle a tort de les montrer, qu'elle a raison de les montrer, qu'elle est bonne, qu'ils ont envie de la baiser, qu'elle les montre pour faire du clic, qu'elle les montre pour faire parler (génies ceux-là), qu'elle les montre et qu'on doit bien reconnaître qu'ils sont jolis mais qu'elle joue bien de la guitare quand même. Ah et certain qui parlent de sa bouche: elle a de jolies lèvres mais pas des jolies dents (j'invente rien). D'autres pour lui demander de jouer à poil. Des centaines de milliers de gens qui ont laissé des commentaires pour dire ça.
Qui a un problème? La chanteuse ou la centaine de milliers d'abrutis qui laissent des commentaires d'abrutis?

Toujours revenait, au milieu des commentaires graveleux, l'idée d'imposture. Si elle montre ses seins, c'est forcément qu'elle est mauvaise. Forcément qu'elle ne sait pas chanter, qu'elle n'a rien d'exceptionnel, et qu'elle veut se faire remarquer. Une pute quoi: qui se sert de son corps pour arriver.

Maintenant, jetons un oeil à ceci:


Ah, Iggy! On a le droit de toucher à Iggy? Ce fringant sexagénaire à moitié à poil qui se déhanche lascivement et a coutume de sortir sa teub et de mimer la copulation en concert. C'est marrant, j'ai jamais vu des centaines de milliers de commentaires l'accusant de faire sa petite pute et de planquer sa voix poussive derrière ses tétons sortis.

Peut-être parce que le problème de Jess Greenberg, c'est pas sa tenue, pas son décolleté. Le problème, c'est que c'est une fille, et qu'à partir de ce moment-là, il faut qu'elle se conforme, sinon elle est coupable d'imposture. Qu'elle se conforme à quoi? Aucune idée. Que celui qui le sait mette la réponse en commentaire.

Maintenant, je vais un peu vous parler de moi.

Ca m'a rendu vraiment triste tous ces commentaires. Bien sûr, un seul commentaire crétin, ce n'est pas grave. Mais la masse rend vraiment triste. On se rend bien compte qu'on est cernés par les cons, bien compte qu'on n'est pas libres, que dès qu'on fera une vidéo on se fera rappeler à l'ordre: ta tenue, pas comme ça. Tes lèvres, pas comme ça. Tes seins, pas comme ça. Sinon c'est que tu veux faire du clic, d'ailleurs t'es nulle, heureusement que t'es pas trop moche. Je vous jure que c'est très violent, même si intellectuellement on le sait, en avoir la confirmation, avoir le tel décalage entre la tonalité des commentaires et les vidéos elles-mêmes, c'est vraiment se prendre une claque.

Pour chougner un peu je peux même vous dire que je regardais ma fille jouer dans le salon et j'étais triste à l'avance pour elle. Tout à l'heure pareil, je pensais à elle et je me demandais s'il fallait pas que lui souhaite de ne pas avoir de seins, ou pas beaucoup, pour au moins ne pas avoir à subir le soupçon systématique de les montrer pour obtenir quelque chose. C'est assez terrible comme sentiment.

Maintenant je reviens à Jess Greenberg.

J'ai des côtés fanatiques monomaniaques. Quand j'aime une chanson je l'écoute 3000 fois par jour. Quand j'aime un musicien/un groupe j'en déverse des tonnes sur les réseaux sociaux. Je postais donc allègrement du Jess Greenberg à tire larigot. Soudain, un commentaire: "Elle a aussi peu confiance en ses talents de chanteuse pour s'exhiber comme ça?" Du classiquement crétin, donc. Quelle n'était pas ma surprise: ce commentaire provenait d'une féministe auto-déclarée...
Ca, ça m'a vraiment épatée. Le féminisme, c'est "mon corps est à moi", c'est, entre autres, revendiquer le droit pour les femmes, de faire ce qu'elles veulent avec leur corps sans être jugée / condamnée pour cela. Alors qu'une féministe déclarée dise d'une femme qu'elle a tort de montrer son corps parce qu'elle se décridibilise, je trouve ça franchement ahurissant.
Donc mon opinion: vous faites ce que vous voulez à partir du moment où vous empiétez pas sur la liberté des autres. La base quoi. En l'occurrence le décolleté de Jess Greenberg il ne fait chier personne, il fait juste sortir les cons du bois.
Pour la petite histoire, depuis j'ai arrêté de suivre la féministe auto-déclarée sur les réseaux sociaux. Le féminisme est un courant de pensée vivant dans lequel il y a plusieurs courants qui ne sont pas d'accord sur tout. Il y a des sujets très clivants pour les féministes: la prostitution, la pornographie, le voile. Je me suis rendue compte qu'avec cette "féministe" je n'étais d'accord sur rien. Des fois, c'est pas la peine de s'acharner: on n'est pas d'accord, autant arrêter de se faire du mal.

Aujourd'hui un ami Facebook a dit de Jess Greenberg qu'elle faisait commerce de ses atours (c'est une pute, quoi), l'a comparée à la chanteuse Sabrina, ET a dit qu'il ne faisait pas du slut-shaming et que le politiquement correct le fatigue.
Alors voilà: moi ce qui me fatigue c'est d'entendre des conneries sexistes à longueur de journée dans les médias ; ce qui me fatigue c'est d'éviter systématiquement le regard des mecs dans la rue pour ne pas "chercher la merde" ; ce qui me fatigue c'est les blagues graveleuses que se permet de faire mon boulanger quand j'hésite devant son étal ; ce qui me fatigue c'est d'être mal à l'aise au bar du village parce que je ne sais jamais comment vont m'accueillir les habitués devant leurs verres ; ce qui me fatigue c'est d'entendre ma belle-mère dire devant ma nièce de 10 ans "les filles qui sont violées alors qu'elles font du stop, faut pas s'étonner non plus, un bonhomme c'est un bonhomme" ; ce qui me fatigue c'est entendre un collègue dire d'une collègue prétendument incompétente "j'espère qu'elle avale bien". Et ce qui me fatigue, c'est que des bêtises sexistes sortent de la bouche de mecs biens. A côté de tout ça, je vous avoue, la dénonciation du slut-shaming, non, ça me fatigue pas. Je suis même bien contente que ça existe.





mardi 27 mai 2014

Clips qui m'ont marquée

 Billet issu d'une soirée sur Twitter où, allez savoir pourquoi, je me suis mise à évoquer ces clips qui ont marqué leurs images dans mon cerveau. Née en 1980 j'ai grandi avec le top 50 en avalant les images sans échelle de valeur définie. Le clip de "Maldon" de Zouk Machine m'accompagnera jusqu'à la mort sans doute sur le même plan que celui réalisé en animation pour "My baby just cares for me".

1) "Freedom '90" - George Michael - Listen without prejudice
Au départ j'avais envie de réécouter cette chanson simple et belle, "Heal the pain" du superbe album Listen without prejudice de George Michael. Et puis j'ai voulu mettre "Freedom '90" en fond sonore et je n'ai plus pu détacher mes yeux de l'écran. L'androgynie des modèles dans le clip me fascinait déjà petite ; je me souviens de mon incertitude devant le visage de Linda Evangelista, était-ce une femme ou un homme? Les images sont suffisamment fortes et allusives pour laisser toute une histoire se recréer dans l'imagination: une bouilloire, un type qui se pend la tête en bas dans l'entrebâillement d'une porte, un frigo qui explose, une fille sous la douche...Encore aujourd'hui je trouve ce clip magnifique.



2) "Too Funky" - George Michael - Red Hot and Dance
Moins fort, le clip de "Too funky" m'a quand même laissé une impression indélébile. Je me souviens très bien de ma fascination devant la démarche des mannequins sur le podium, notamment de l'assurance d'Estelle Hallyday. Les mimiques, les mouvements de hanches, de mains, je les ai bus et jamais recrachés. Je suis sûre qu'aujourd'hui encore il m'arrive de chercher chez quelqu'un que j'admire un bout de regard ou de démarche qui ressemblerait à ceux du clip.



3) "Liberian Girl" - Michael Jackson - Bad
J'ai plus de mal aujourd'hui a être vraiment fascinée par ce clip qui rassemble tout ce que le cinéma américain des années 80 comptait comme stars bankables. Et je ne crois plus du tout à l'histoire racontée. Je suis même à deux doigts de trouver tout ça ridicule. Mais à l'époque j'adorais ça, je croyais vraiment que Michael avait fait une bonne blague à tous ses copains stars, que tout ce petit monde était drôle, sympa et gentil, j'adorais Spielberg, E.T., Rencontre du troisième type et La couleur pourpre. Aujourd'hui je trouve que le clip a bien vieilli, mais la chanson m'emporte toujours.




4) "No ordinary love" - Sade - Love deluxe
La petite sirène version urbaine, ça vous fait pas rêver vous? Moi oui...Allez si, vous aussi vous trouvez ça poétique, Sade dans sa sublime robe de mariée qui avance en répandant une pluie de confettis blancs. Et vous aussi vous vous noyez dans un verre d'eau salée au fond d'un bar mal famé. Et puis à la fin, elle ne retrouve pas son prince charmant. Et ça, c'est très mélancolique.



5) "Unfinished sympathy" - Massive Attack - Blue lines
Est-ce le premier clip de l'histoire où l'on voit quelqu'un avancer en plan-séquence tout le long de la chanson? (voir Bitter sweet symphony ou Yellow). Là c'est simple tout est génial: l'idée, la réalisation, les figurants, le personnage principal, la chanson.



6) "Hey boy hey girl" - The chemical brothers - Surrender
Allons-y, allons danser, mais n'oublions pas que nous sommes entourés de cadavres en devenir. Le clip raconte une histoire, celle d'une petite fille fascinée par les squelettes dissimulés sous sa peau et celle des gens de son entourage. C'est enjoué et malsain, un peu putassier (la fille est mignonne, bien sûr), et très efficace.


7) "If you had my love" - Jennifer Lopez - On the 6
Pourquoi est-ce que j'aime ce clip, qui imagine un site Internet diffusant en continu Jennifer Lopez dans les différentes pièces de sa maison? Pourquoi est-ce que j'aime cette chanteuse de RnB? Le clip, à sa gloire, montre un public hétéroclite (le beau mec, les ados, la petite fille, les garagistes...) tous fascinés par ses mouvements. Elle, simple et sophistiquée, montre ses talents de danseuse (sa formation) et n'oublie pas de laisser la caméra zoomer sur son cul. La sucrerie du mauvais goût?
(Voir aussi "Love don't cost a thing", qui la montre renonçant à ses bijoux, sa maison, sa voiture, puisque l'homme qui les lui offre ne l'aime pas vraiment...Niaiserie pure ou message d'indépendance délivré à la barbe de ceux qui ne voient en elle qu'une jolie poupée de plus?).




8) "Dans la salle du bar-tabac de la rue des martyrs" - Pigalle - ?
Un français quand même dans cette liste. J'étais terrorisée petite par ce clip sombre et DIY (ou bien était-ce par le physique atypique du chanteur...). Le revoir aujourd'hui me prouve que la forte impression qu'il me faisait était justifiée: c'est une réussite esthétique qui ressuscite et modernise la chanson populaire parisienne en la colorant d'accents punks. Dans le même esprit et des couleurs bleutées on regardera aussi le brûlot tranquille "J'aime un pays" de Kent, tellement, tellement tout le temps d'actualité.



9) "It's probably me" - Sting featuring Eric Clapton - Lethal Weapon 3 movie soundtrack
Voilà le point fifille de la liste. Oui j'étais amoureuse de Sting ET de Mel Gibson à l'époque. Avec le recul, je pense toujours que Sting est un sacré songwriter, méprisé totalement à tort par la hype, et un excellent musicien (réécouter tout son merveilleux album The Soul Cages, ou juste la première chanson, pour s'en convaincre).  Pour L'Arme Fatale 3, en comparaison d'un blockbuster quelconque récemment regardé (X-Men Le commencement pour ne pas le nommer), je trouve que c'est un film étonnamment égalitaire, aussi bien entre les hommes et les femmes (rappelez-vous cette scène ou Rene Russo démonte les méchants à grands coups de latte) qu'entre les noirs et les blancs (faut vraiment que je vous fasse un topo sur l'amitié entre Mel Gibson et Danny Glover?). Bref, j'étais une ado pleine d'hormones, mais j'avais quand même pas tout à fait tort.


10) "Tout ce qui nous sépare" - Jill Caplan - ?
Parce qu'en le revoyant l'autre soir je me suis rendue compte à quel point il m'avait marqué, ce faux film en super 8 d'un homme amoureux filmant l'objet de son affection sous toutes les coutures, sans que ce soit jamais racoleur. Parce que je voulais un bandeau rouge comme elle (je crois bien que je l'ai eu d'ailleurs). Parce que je connais encore la chanson par coeur.


Pour la petite histoire et ceux qui en voudraient encore, les autres clips qui auraient pu figurer dans cette liste.

- "No scrubs" - TLC - FanMail
- "Trop de blabla" - Princess Erika - Princess Erika
- "My baby just cares for me" - Nina Simone
- "J'ai vu" - Niagara - Religion
- "My name is" - Eminem - The Slim Shady LP
- "J'ai des doutes" - Sara Mandiano - Point d'interrogation
- "Englishman in New York" - Sting - Nothing like the sun
- "Russians" - Sting - The dream of the blue turtles
- "Coeur de loup" - Philippe Lafontaine - FA MA NO NI MA
- "Les démons de minuit" - Images - L'album d'Images
- "Etienne" - Guesh Patti - Labyrinthe
- "The real Slim Shady" - Eminem - The Marshall Matters LP
- "Rock your body" - Justin Timberlake - JT
- "Clara veut la lune" - Alain Chamfort - Neuf

samedi 24 mai 2014

Dis, So Foot, t'es vraiment obligé d'être un gros beauf?

Bonjour So Foot,
Je te connais bien. Tu es chez moi depuis des années. Ok c'est pas souvent moi qui t'achète, ni moi qui décide de m'abonner ou de me réabonner, mais quand tu es là en général je suis contente parce que je sais que je vais avoir des bons articles à lire, sur un sujet qui m'intéresse. T'es drôle, t'es pas manichéen, t'es pas con du tout, t'as quasiment tout pour plaire. J'apprends beaucoup de choses en te lisant ; pour te dire je t'ai même cité dans un article de blog que j'ai fait pour la bibliothèque universitaire où je travaille, c'est dire si je te prends au sérieux.
Et honnêtement, So Foot, les 3 pages par numéro où tu te sens obligés de mettre plein de photos de filles en lingerie, et de raconter en long et en large comment des femmes ex-actrices porno, ex-playmates, ex-je-sais-pas-quoi-mais-vaguement-infamant, ont fini par épouser des footballeurs, elles me dérangeaient pas trop. Je voyais ça comme une blague lourde, qu'on sait lourde mais qu'on fait quand même parce qu'on est entre gens de confiance qui savent que ce n'est pas sérieux. Est-ce que ce concept tient encore quand on est lu par 45000 personnes (le chiffre vient de cet article), ça reste à discuter. Mais bon je passais dessus, et même si je ne suis visiblement pas le public de ce genre d' "infos", je prends le reste, qui s'adresse AUSSI à moi.
Enfin c'est ce que je croyais jusqu'à ce que je vois ton dernier numéro. Ah oui, autre chose qui ne me dérange pas: le fait que tu ne mettes quasiment jamais de femme en couverture (une exception je crois). Je suis pas bête, je sais bien que le foot qui rapporte du public, des sponsors, du pognon, à tout point de vue, c'est le foot masculin, et que même si par hasard dans tes journalistes il y en a qui se passionnent pour le foot féminin ce n'est certainement pas ces sujets qui vont te ramener des milliards de lecteurs et des milliards d'annonceurs. Alors ok, va pour les mecs en couverture.
Mais sur ton dernier numéro, une femme. Pour t'expliquer à quel point je suis con, So Foot, j'ai même pas compris au départ qui elle était. J'ai même demandé à mon conjoint, celui qui t'achète, qui s'y connaît mieux que moi: "C'est quelqu'un dans le foot cette dame? C'est qui?" Et c'est lui qui m'a dit "Heu ben non c'est personne". Et là moi frappée par la foudre de l'évidence "Mais elle est juste là pour faire joli?" "Heu ben oui..."
Et là tu vois So Foot j'ai vraiment eu de la peine parce que j'ai compris d'un coup que non, en fait, tu me parles pas à moi. Que moi, c'est comme si j'existais pas. Que tu t'en fous complètement que je lise tes articles, que je les apprécie, qu'ils m'apportent des trucs. Tes couvertures elles sont pas faites pour m'attirer moi, vu que je ne les comprends même pas. Mais en fait c'est très bien expliqué dans l'article cité plus haut: ton rédacteur en chef il dit "notre public est large et va du branché parisien qui travaille dans un label au mec de province en BTS action commerciale" et le journaliste renchérit "So Foot vise large et parle à l’ensemble du public amoureux de football, sans cloisonner". Je suis bien déçue de savoir que s'adresser explicitement à un lectorat masculin et hétérosexuel, celui susceptible de trouver cohérent qu'on foute une belle nana en couverture d'un magazine consacré à la Coupe du Monde de football masculin, c'est "ne pas cloisonner". Je suis bien déçue qu'être une femme suffise à me rejeter hors du public "amoureux de football", et qu'on puisse quand même dire que tu ne cloisonnes pas.
Alors So Foot je te repose la question dans le titre: t'es vraiment obligé d'être un gros beauf? Ca te rapporte vraiment des lecteurs/annonceurs d'être con? Et les dommages collatéraux, t'en as vraiment rien à foutre? Rien à foutre de contribuer à faire croire que les filles sont là pour faire joli et rien d'autre? Rien à foutre que les petites filles grandissent avec ce modèle de la jolie fille qui n'est rien d'autre qu'une jolie fille, qui n'a ni histoire ni métier ni talent, ou de toute façon ça ne nous intéresse pas? Parce que ok, ton autre rédacteur en chef il dit "Il y a énormément de combats, on n’estime pas avoir à mener celui du féminisme" : est-ce que pour autant tu te sens autorisé à tout faire pour que ça ne s'améliore pas?
Et puis je veux te dire aussi So Foot, je ne te jette pas toutes les pierres. Dans mes chiottes en ce moment il y a toi et puis il y a un mini-cataogue de La Redoute avec des offres spéciales, et en couverture une fille tellement mince qu'elle pourrait passer entre mon mur et mon étagère Billy. J'aurais plein de truc à dire aussi sur cette maigreur maladive qui s'impose sur les couvertures. Mais bon, La Redoute, je m'en fous en fait. Toi je t'aimais vraiment bien. Je te jure que je suis déçue. Mais comme je suis pas vêtue d'un tee-shirt mouillé dans l'éclat de mes 20 ans qui sont passés depuis un bail, je crains que ça ne t'intéresse pas.

PS: j'ai lu cet article après avoir cogité mon billet de blog (de même que j'ai découvert ce post après). Je suis encore plus déprimée maintenant.

dimanche 4 mai 2014

50 choses sur moi

Je viens de lire ce post, sur lequel je suis arrivée via celui-là, et en fait tout vient de Solange.
Bref ça m'a donné envie.

1) L'histoire de ma famille (parents + frère/soeurs) est compliquée
2) Mon pseudo twitter vient du nom de la fille dans The Doom Generation de Gregg Araki, sauf que Amyblue était déjà pris. Donc j'ai pris Amyviolet, pour "Violet", la chanson de Hole
3) Le nom de ce blog vient de "Evil" la chanson d'Interpol. Sauf que j'avais jamais compris de quoi parlait la chanson jusqu'à il y a très récemment, et je suis quasiment déçue (car je m'étais fait tout un film qui n'avait rien à voir)
4) J'ai lu un extrait des 120 journées de Sodome dans la biographie de Sade par Pauvert, qui m'a littéralement rendue malade. J'ai mis des mois à me sortir les mots de la tête, et encore maintenant j'essaie au maximum d'éviter d'y penser
5) Je me demande si cet effroi, mon rejet des films d'horreur etc. ne vient pas du fait que je suis sadique et que ça me fait peur
6) Un collègue a ouvert un blog perso grâce à moi
7) Il y a longtemps j'ai essayé d'embrasser une amie à moi, devant son petit ami et le mien
8) J'essaie de devenir végétarienne
9) J'ai peur perdre les gens que j'aime par négligence
10) Je parle toute seule et j'ai parfois peur d'être surprise par les gens
11) Jusqu'ici j'ai écrit seulement 2 chansons en français: une sur Virginie Despentes et l'autre pour dire que je n'arrive pas à écrire en français. Toutes les autres en anglais
12) Depuis la naissance de ma fille je trouve mon ventre trop gros et trop mou
13) J'ai accouché deux fois, une fois avec péridurale et la deuxième fois sans. Tout de suite après la fois sans péridurale j'ai dit "Honnêtement je ne sais pas si je le referais". Mais en fait si
14) Je suis allée sur Twitter grâce à Nicolas Voisin, j'y suis restée grâce à Daniel Bourrion
15) J'ai tout de suite adoré Twitter alors que j'ai jamais pu blairer Facebook
16) J'ai écrit une fanfiction Harry Potter centrée sur Hermione
17) J'ai été critique de fanfictions pour le site poudlard.org
18) J'ai eu un frère qui a vécu quelques heures. Les gens de la clinique l'ont emporté car il n'allait pas bien, puis sont venus dire à ma mère qu'il était mort. Elle ne l'a jamais revu
19) J'ai envie de laisser mes cheveux blanchir mais je ne sais pas si je tiendrai le coup face à la pression sociale. Et peut-être qu'avec les sourcils ça fera trop bizarre?
20) Je pleure facilement
21) Je rougis facilement
22) J'ai très peu d'amis
23) J'ai eu très peu d'amants
24) Je ne me maquille pas parce que le résultat est nul: je ne sais pas faire, je n'ai jamais pu apprendre. Ca ne m'intéresse pas
25) J'adore nager
26) Je ne sais pas "me mettre en valeur"
27) Je n'aime pas mentir
28) J'ai bossé comme archiviste pour une grosse boîte d'experts-comptables. Je n'ai jamais réussi à comprendre la finalité de ce que je faisais, ni les trucs subtils de la boîte. J'y ai été très malheureuse
29) J'ai eu mon permis du premier coup
30) Mon père m'a fait la gueule à 15 ans quand je suis rentrée d'un camp en Espagne ; j'ai cru pendant des mois que c'était parce que je ne racontais pas assez ou pas assez bien ce que j'avais fait pendant le camp ; en fait c'était parce qu'il m'en voulait pour mes notes du bac français qui n'étaient pas faramineuses
31) Une information préoccupante à été faite pour l'un de mes enfants
32) Depuis j'ai un peu de mal à estimer que les services sociaux font bien leur travail
33) J'ai détesté l'école, tout du long
34) En 5e (ou 4e?) les garçons de la classe ont fait un palmarès des filles de la classe avec 3 critères, beauté, intelligence, sympathie. Je suis arrivée 2e
35) J'ai essayé pendant quelques mois à 18 ans de prendre la pilule, j'ai détesté. Jamais réitéré
36) J'ai envie d'être directrice de bib
37) J'aime conduire
38) J'ai adoré vivre à Belfort
39) Il m'arrive d'acheter Voici, mais depuis quelques temps la presse féminine me fait vraiment gerber (alors que j'en ai lu des tonnes)
40) Je suis restée abonnée des années à Charlie Hebdo. Je me suis désabonnée il y a peu parce que j'ai fini par les trouver sexistes et islamophobes. Je ne suis pas sûre d'avoir raison
41) Je suis syndiquée à la CGT, comme l'était mon grand-père et mes oncles
42) Un de mes grand-pères était ouvrier, l'autre sous-préfet
43) Je suis deux fois marraine
44) J'ai arrêté complètement de boire de l'alcool pendant 5 ans
45) J'ai toujours voulu être en couple, depuis les premières petites histoires je voulais un couple "qui dure"
46) Je suis myope, dès que j'ai pu j'ai eu des lentilles de contact, jamais pu blairer ma gueule avec des lunettes
47) J'ai envie d'avoir un chat et d'aller le chercher à la SPA
48) Je suis la plus grande procrastineuse de l'univers
49) La plupart du temps, je me trouve pitoyable
50) La plupart du temps, je le vis plutôt bien


mercredi 5 mars 2014

Ma playlist Babyshambles

1. La Belle et la Bête (Down in Albion)

Témoignage ultime d'une histoire d'amour hype et vouée à l'échec. Les notes de guitare faussement sautillantes et en fait vraiment flippantes nous entraînent dans une descente aux enfers d'où nul ne sortira indemne. "Why did you do it to so many people?" Entre Kate-la-Belle et la drogue-la-Bête, la deuxième a fini par l'emporter...



 2. Pipedown (Down in Albion)

Pure giclée punk libératrice. Le décrochage de tempo entre le couplet posé et le refrain excité (les variations rythmiques sont une caractéristique du groupe, d'une chanson à l'autre et dans la même chanson) fonctionne à plein.



3. Unstookie Titled (Shotter's nation)

Peut-être la plus belle chanson de la playlist. Tous les instruments sont perceptibles dans une harmonie miraculeuse pour exprimer le désespoir. Pourtant la pop reprend le dessus à la fin.



4. There she goes (Shotter's nation)

Balade élégante à l'image des costumes de la vidéo. La chanson dépeint la dépendance à l'amour et à la drogue sans y toucher, comme le faisait la précédente "There she goes".



5. Fall from grace (Sequel to Prequel)

Voilà un vrai tube pop qui affiche des paroles décomplexées et plus légères. "On the horizon there's a little piece of land I aspire".



6. Lost art of murder (Shotter's Nation)

La chanson brise-coeur par excellence, sur le même thème que le "Manu" de Renaud. Qui ne ressent pas toute la mélancolie d'un amour perdu en entendant Pete sussurer "Me regarde pas comme ça / Elle ne reviendra pas"?



7. The blinding (The Blinding E.P.)

Présente sur un maxi de 6 titres sorti après le premier album du groupe, cette chanson montre une production bien plus léchée que celle de Down in Albion, volontairement laissée brute de décoffrage par Mick Jones. La vidéo, au diapason, montre une recherche et une volonté de séduire plus importante. Tout cela est remarquablement efficace.



8. 8 dead boys (Down in Albion)

Juste une excellente chanson rock qui parle d'être à côté de ses pompes: "The life that you wanted was not in store".



9. New Pair (Sequel to Prequel)

Comme souvent chez Babyshambles les mélodies rendent dépendants sans qu'on s'en rende compte. Ici la voix traînante sur "Yeaaaaaaaah that's you done" reste en tête longtemps...



10. Fuck forever (Down in Albion)

Devenue l'hymne du groupe, chanson finale des concerts, il y a derrière l'ironie agressive ("Allez vous faire mettre, si vous n'y voyez pas d'inconvénient") une mélancolie lucide ("I sever my ties because I'm so clever, but clever ain't wise").

dimanche 9 février 2014

Ma playlist d'Arcade Fire

Voilà les 10 chansons d'Arcade Fire que je conseille aux gens qui ne connaissent pas ou presque pas ce groupe.

 1. Haiti (Funeral)

Hommage onirique au pays d'origine de Régine Chassagne, fondatrice du groupe et chanteuse sur ce titre (comme sur 2 autres de la playlist). Elle ne s'y était à l'époque jamais rendue. Derrière une mélodie à siffloter gaiement, des paroles dures et bilingues. "Tous les morts-nés forment une armée".


2. Normal Person (Reflektor)

Rock parfait au riff imparable et aux paroles ironiques et rageuses.



3. The backseat (Funeral)

"I like the peace / In the backseat / I don't have to drive / I don't have to speak / I can watch the countryside / And i can fall asleep".
La berceuse qui accompagne la chute dans le sommeil est interrompue par la mort qui oblige l'endormie à sortir de sa torpeur et prendre le volant.


4. The suburbs (The suburbs)

Grandir en banlieue résidentielle, s'y ennuyer, en partir pour ne plus y revenir et puis faire un disque entier pour raconter comment c'était. "C'est en banlieue que j'ai appris à conduire. Tu me disais qu'on n'en sortirait pas vivant. Piquer les clefs de la voiture de ta mère et se barrer".


5. Ocean of noise (Neon Bible)

Slow triste et langoureux. Tout le monde a de bonnes raisons d'agir comme il le fait, et le temps n'arrangera rien. Il reste quand même une chance pour que ça fonctionne.


6. Power Out (Funeral)

1ère occurrence dans la playlist de leur genre de prédilection, la chanson héroïco-lyrique. Paradoxalement il on n'y parle de manque d'énergie, de perte de sens: "Ice has covered my parents' hands / Don't have any dreams, don't have any plans".


7. We used to wait (The suburbs)

Prise de distance dans les paroles avec l'univers virtuel ("Now our lives are changing fast / I hope that something pure can last"), qui reviendra dans l'album suivant avec "Reflektor" ("We're so connected, but are we even friends?").



8. Sprawl II (The suburbs)

Sur un sujet proche, Dominique A a fait avec "Rendez-nous la lumière" une chanson plus moralisatrice que celle-ci, qui imite une musiquette de supermarché pour évoquer l'écoeurement devant les zones commerciales se déroulant à l'infini et l'avenir bouché qu'elles semblent promettre.


 9. Antichrist Television Blues (Neon Bible)

La petite histoire de cette chanson, c'est qu'elle parle du père de Jessica Simpson, starlette américaine coachée par son père, très religieux. Ici on a un monologue halluciné d'un homme qui parle à Dieu en voulant se faire pardonner de se servir de sa fille pour échapper à un travail mal payé.


10. Porno (Reflektor)

Chanson à multiples tiroirs et facettes, le sens de ses paroles est pratiquement inépuisable, la musique se partage entre pop à saxophone des années 80 et électro pointue. On y parle un peu de pornographie, mais encore et toujours de mélancolie et d'inadaptation. "J'ai comme l'impression que je ne tourne pas rond".


Pour les curieux, voilà mes reprises d'Arcade Fire, juste moi et ma guitare acoustique : Normal Person, The Suburbs, Sprawl II.

jeudi 23 janvier 2014

Le temps au temps et les portes ouvertes

Le soir on rentre à 18h. On a une fenêtre de tir de 2 heures pour donner le bain à 2 enfants, préparer à manger, manger, coucher les enfants qui dorment entre 20h et 21h (entre 20h et 20h30 c'est mieux). Donc c'est la course. On fait couler le bain, on met la petite à l'eau, on presse le grand pour qu'il se prépare pour aller dans le bain, on gère le bain et le rhabillage de la petite en pyjama tout en pressant le grand pour qu'il se lave, se rince, vide l'eau, sorte du bain, se mette en pyjama.
A une séance de relaxation un travail mental peut consister à imaginer un endroit chez soi que l'on apprécie particulièrement et à changer un détail pour que cet endroit soit encore plus parfait. Ensuite on transpose cela à sa vie, en s'imaginant changer un élément qui rendrait notre vie plus "confortable" qu'elle n'est. Le détail que je voudrais changer est là façon dont je houspille mon grand par pur agacement. J'essaie au maximum de l'accompagner et pas de le disputer, en me disant que s'il ne fait pas ce que je lui demande, c'est qu'il n'en est pas encore capable et que c'est à moi de m'adapter à lui. J'essaie donc de gérer le bain de la petite et de laisser le grand gérer sa préparation au bain sans m'impatienter avant d'être vraiment dans le rush.
L'autre soir la petite patauge dans son bain après savonnage rinçage. Le grand n'est pas encore prêt pour le bain. Pour la rincer j'utilise des gros duplos, je les remplis à l'envers et je lui vide sur la tronche. Sur la fin elle a voulu les attraper, je lui ai laissés. Elle s'est mise à la plonger dans l'eau et à les ramener au-dessus de sa tête, mais dans le mauvais sens, donc ça ne l'arrosait pas. A un moment j'ai voulu la sortir pour la sécher, et puis elle était tellement concentrée sur ses Duplos que je l'ai laissée encore dans son bain, en rêvassant à mon boulot (sans tapoter sur mon smartphone, parce que depuis que je me suis rendue compte que la petite m'imitait en faisant glisser ses doigts sur ses téléphones jouets, j'essaie de ne plus tapoter sur mon smartphone quand mes enfants sont là, comme je ne fume pas devant eux). Et à un moment j'ai fait de nouveau attention à ce qu'elle faisait, elle avait réussi à retourner le Duplo pour le remplir d'eau et la vider en la levant au-dessus de la baignoire, pour faire du bruit et éclabousser.
Donc bien sûr, si je lui avais pas laissé le temps elle n'aurait pas trouvé le bon sens du Duplo à ce moment-là. C'est un tout petit progrès, un tout petit moment, et j'enfonce une porte ouverte. Peut-être que je veux juste essayer de m'en souvenir.